Abraham Fabert (1599-1662)

Publié le par La Lorraine et ses grands soldats


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Statue du Maréchal Fabert à Metz
(place d'Armes)


Né à Metz le 11 octobre 1599, il est le fils d'Abraham Fabert, seigneur de Moulins, imprimeur éditeur, et à plusieurs reprises maître-échevin de Metz. En février 1603, lorsque Henri IV se rend à Metz, le petit Abraham, dont le père a reçu la veille le souverain en son château de Moulins, fait partie avec son frère François de la compagnie des cent-vingt enfants qui l'accueillent sur la place Saint-Louis et paradent devant lui.

Dix ans plus tard, il commande la troupe de jeunes gens qui reçoit le marquis de La Valette, second fils du duc d'Epernon, venu à Metz pour succéder à son père comme gouverneur; le duc décide de le prendre sous sa protection, et l'accepte comme cadet dans une compagnie des Gardes françaises, que Fabert suit à Paris. En 1618, d'Epernon lui fait obtenir une enseigne (drapeau d'une compagnie d'infanterie et grade correspondant) dans le régiment de Piémont. Lorsque le duc, partisan de Marie de Médicis contre le duc de Luynes, lève des régiments, Fabert reçoit une commission de capitaine dans l'un d'entre eux (1619) : après l'échec de la tentatve, Luynes casse les officiers des régiments de la reine-mère, et Fabert, rétrogradé, réintègre le régiment de Piémont.


La même année, celui-ci fait partie de l'armée envoyée pour lutter contre les Huguenots au sud de la Loire ; le futur maréchal se fait remarquer de Louis XIII lors des sièges de Saint-Jean d'Angély et de Montauban (1621), de Royan (1622), où il sauve son général enseveli sous une mine, et de Montpellier (1623). Au début de 1627, le duc d'Epernon lui fait donner le brevet de sergent-major au régiment de Rambures, avec lequel il participe au siège de La Rochelle, et fait montre de ses qualités d'ingénieur. Deux ans plus tard, Fabert participe à la campagne de Savoie, et prend lors de la conquête de Suse, une part qui lui vaut d'être présenté à Richelieu par Louis XIII en personne en des termes des plus flatteurs. Au retour du Piémont, il sert le roi à la campagne du Languedoc et au siège de Privas, où il est blessé.


En 1630, Fabert participe à la conquête de la Savoie et à la nouvelle campagne du Piémont, durant laquelle il est promu capitaine. L'année suivante, il fait partie des troupes envoyées contre le duc de Lorraine Charles IV, et participe aux sièges de Moyenvic (qui tombe le 27 décembre), et un an plus tard de Trèves et de Nancy. En 1634, il se fait remarquer aux sièges de Bitche et de la place de La Mothe, qui capitule le 26 juillet. Deux ans plus tard, au début de la guerre franco-espagnole, Fabert est chargé de préparer l'investissement de Thionville en levant le plan de la forteresse, mais il est fait prisonnier et transféré à Bruxelles, et n'est libéré que grâce à l'intervention de Louis XIII. Il est quelque temps plus tard nommé capitaine d'une compagnie de chevau-légers, puis aide de camp du cardinal de La Valette, qui commande l'armée de Lorraine. Celle-ci, partie de Pont-à-Mousson en juillet 1635, envahit l'Allemagne, assiège Bingen mais doit battre en retraite à partir de Mayence et reflue vers Metz; durant cette retrait, Fabert joue un rôle essentiel, évitant la destruction de l'armée. En 1636, il participe à la campagne d'Alsace et contribue à la prise de Saverne, guerroie en Bourgogne puis, l'année suivante, en Picardie où il prend part aux sièges du Cateau-Cambrésis, de Landrecies et de la Capelle. Fabert est alors capitaine dans le régiment de Picardie.


En 1638-1639, il suit le cardinal de La Valette en Italie, où il bat l'avant-garde de don Francesco de Mello, dirige les sièges de Chivas et de Turin, puis rentre en France pour participer à la campagne d'Artois et de Flandre ; il s'empare d'Arras en 1640. Colonel propriétaire du régiment de La Valette, il est nommé en 1641 maréchal de camp puis aide de camp général des armées du roi.


En 1642, Fabert est sollicité par Cinq-Mars pour participer à la conjuration contre Richelieu, mais il refuse, et l'échec du complot lui doit beaucoup. Après avoir participé à la campagne du Roussillon (sièges de Collioures et de Perpignan), il est nommé gouverneur de Sedan, fonction qu'il exerce jusqu'à sa mort. En 1645-1646, il fait les campagnes de Catalogne et de Toscane.


Le 20 septembre 1650, Fabert est nommé lieutenant-général des armées du roi. En 1654, il dirige sous les yeux du jeune Louis XIV le siège de Stenay contre les Espagnols ; c'est dans cette circonstance que se révèle son génie d'ingénieur militaire, puisqu'il y met au point les parallèles et les cavaliers de tranchées, que Vauban perfectionnera.  Gouverneur de Thionville en 1655, maréchal de France le 28 juin 1658, il refuse en 1661, à la mort de Mazarin, d'entrer au gouvernement, ainsi que le Grand Cordon du Saint-Esprit que veut lui donner Louis XIV, prétextant qu'il n'avait pas les quatre quartiers de noblesse requis.


Abraham Fabert meurt à Sedan le 17 mai 1662. Sur le piédestal de sa statue, réalisée en1841 par le sculpteur Etex, on peut lire ses paroles restées célèbres : “Si, pour empêcher qu'une place que le roi m'a confiée ne tomât aux mains de l'ennemi, il fallait mettre à la brêche ma personne, ma famille et mon bien, je ne balancerais pas un instant à le faire.”

 

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