Aloïse Monhoven (1873-1930)

Publié le par La Lorraine et ses grands soldats

 

         Né à Zoufftgen (Moselle) le 24 juin 1873), Aloïse Monhoven fait ses études au lycée de Nancy, durant lesquelles il se fait naturaliser français au printemps 1892. Il entre à Saint-Cyr le 28 octobre 1894, et en sort deux ans plus tard, classé 46e sur 587. Il est affecté comme sous-lieutenant au 1er régiment d’infanterie de marine à Cherbourg, où il est noté comme ayant « belle tenue et bonne conduite ». Passé le 7 avril 1897 au 10e régiment, il est désigné pour servir au Tonkin, et embarque à Marseille le 1er mai. Il arrive le 13 juin à Haïphong, où il est affecté à la 7e compagnie. Très vite il se signale par sa conduite exemplaire, son énergie et son esprit d’initiative, qu’il prouve notamment en apprenant la langue annamite, dont il obtient le brevet le 2 mars 1898. Le 28 mai suivant, il est placé à la 16e compagnie du 3e régiment de tirailleurs tonkinois, où il est chargé de l’instruction des élèves caporaux. Le 1er octobre, il est promu lieutenant, et quelques mois plus tard est nommé au 2e régiment d’infanterie de marine. Le 9 juin 1899 il embarque pour la France et arrive à Toulon le 17 juillet.

         Après un congé de trois mois, Monhoven est affecté au  2e régiment de garnison de Brest. Il n’y reste que quelques mois, le temps de se faire apprécier comme « un officier d’avenir », et le 27 juin 1900 repart pour Toulon, où il embarque le 3 juillet à destination de la Chine : il débarque à Pékin le 2 septembre, et sert au 17e régiment d’infanterie coloniale comme auxiliaire de son capitaine, se familiarisant avec la langue chinoise. A la fin de l’année 1900, il se voit confier le commandement de la 10e compagnie, réputée difficile en raison du grand nombre de rengagés, et participe à plusieurs colonnes. Le 1er octobre, il passe au 18e régiment d’infanterie coloniale, et repart pour Haïphong avec la 14e compagnie ; on le note comme « apte à remplir une mission de confiance et à commander un poste isolé… officier de valeur supérieure à la moyenne et qui mérite d’être poussé ». Le 31 mai 1902 il passe au 1er régiment colonial, et le 10 août quitte définitivement l’Indochine pour la France.

         Affecté au 23e régiment d’infanterie coloniale après un congé de convalescence, Monhoven est promu capitaine le 16 octobre 1903, puis passe au 1er régiment colonial au mois de mai suivant. Au cours de l’année 1904, il participe à des stages, d’artillerie au 12e régiment de Vincennes (1er mai-30 juin), et au 2e régiment de cuirassiers de Paris (1er août-30 septembre), avec lequel il participe aux manœuvres du nord-ouest. Il est reçu aux examens d’entrée à l’Ecole Supérieure de Guerre, dont il suit les cours en 1905-1906, y obtenant d’excellentes notes et des remarques élogieuses soulignant par exemple qu’« il est rare de trouver un officier colonial ayant autant de services extérieurs avec une pareille continuité dans l’éloge ». Il est reçu 27e sur 86.

         Le 1er février 1907, il est nommé à l’état-major particulier de Dakar, sous les ordres du lieutenant-colonel Charles Mangin, qui l’apprécie et le juge digne d’un avancement rapide. Il se voit confier le commandement d’une compagnie d’avant-garde de tirailleurs sénégalais, avec laquelle il part pour Nouakchott  (Mauritanie) le 1er novembre ; il en revient le 15 mars 1908, après avoir établi un poste à Akjoujt, et est replacé aussitôt à l’état-major. En février 1909 il quitte Dakar, et profite d’un congé de convalescence pour se rendre à Paris, à Nice et en Italie.

         Le 26 mai 1909, le capitaine Monhoven est nommé au 21e régiment d’infanterie coloniale, où il s’affirme tant par son esprit d’initiative que par sa modestie, se dévouant particulièrement durant les inondations d’Ivry-sur-Seine. Le 23 mars 1910, il est placé à la 8e section de l’état-major particulier du ministre de la Guerre, collaborant avec le directeur des troupes coloniales, qui écrit de lui : « Plus je connais le capitaine Monhoven, plus je l’apprécie… Il fait le maximum de besogne avec le minimum de bruit » ». Une promotion au grade de chef de bataillon, le 24 mars 1912, vient concrétiser tout le bien que l’on dit de lui.

         Le 9 juin suivant, Monhoven repart pour le Maroc, où il retrouve le colonel Mangin. Il est affecté  au 2e régiment de tirailleurs sénégalais, dont il commande le 7e bataillon et avec lequel il prend part à tous les combats livrés à partir du 16 août par la colonne du Sud pour ouvrir la route de Marrakech, notamment à ceux de Souk El Arba (16 août), Oukam (23 août), Ben Guérin (29 août 1912) et de Sidi Bou Othman (6 septembre). Le 19 avril 1913, il s’illustre pendant les opérations de la colonne du colonel Savy près de l’oued El Abd, où il protège avec succès le repli de la cavalerie de la colonne envoyée en reconnaissance. Du 27 avril au 26 juin 1914, il est détaché à des travaux de route. Le 25 juillet, étant rapatriable pour fin de séjour, il quitte Marrakech et s’embarque le lendemain à Casablanca pour la France, où la guerre est sur le point d’éclater.   

        

         Le 19 septembre 1914, Monhoven est nommé au 23e régiment d’infanterie coloniale, qu’il rejoint sur le front de Champagne dans le secteur de Ville-sur-Tourbe (bois de la Ville et d’Hauzy). Le 29 octobre, il reprend de nuit le hameau de Melzicourt aux Allemands. Le 22 février 1915, il est promu lieutenant-colonel, alors qu’il vient de perdre son frère aîné et parrain, le chef de bataillon François Monhoven, tué le 18 janvier au bois de la Chalade, en forêt d’Argonne. Après quelques mois sur le front de la Somme et d’Artois, le 23e régiment revient en Argonne, dans le secteur de Massiges. Le 25 septembre, il participe, au sein de la 3e division d’infanterie coloniale, à l’offensive de Champagne, avec pour objectif la reprise des crêtes formant la Main de Massiges. Alors qu’il est debout au bord d’un entonnoir, Monhoven est blessé en conduisant son régiment à l’assaut de la cote 191, par une balle qui lui traverse la cuisse droite de part en part. Il est évacué, et cité à l’ordre de l’armée le 18 décembre. Entre temps, le 26 octobre, Monhoven reçoit le commandement du 2e régiment colonial, qu’il réorganise après les combats de Champagne. Promu colonel le 24 juin 1916, il participe à de nombreux combats, notamment au mois de septembre, et obtient une nouvelle citation à l’ordre de la 10e armée, le 9 décembre.

         Le 1er  novembre, il est désigné pour remplir au Grand Quartier Général les fonctions d’adjoint tactique au général Estienne, commandant l’artillerie d’assaut, poste qu’il conserve jusqu’au mois d’avril 1919. Entre temps, il est promu général de brigade, le 18 avril 1918, ce qui fait alors de Monhoven le plus jeune général de l’armée française. Il déploie durant trois ans une activité remarquée dans l’organisation et le développement des chars d’assaut, ce qui fait écrire au général Estienne, le 8 avril 1919 : « C’est à l’inlassable activité du général Monhoven… que l’artillerie d’assaut est redevable de ses succès, de son prestige ».

         La guerre terminée, Monhoven reçoit le commandement de la 2e brigade sénégalaise en Algérie, où il reste jusqu’au printemps de 1921. Après son retour, il exerce plusieurs commandements en France, à la 1ère brigade coloniale à Brest puis à la 5e à Paris. En 1922, il suit les cours du Centre des hautes études militaires, où il présente des travaux très complets auxquels on reproche cependant « un manque d’ordre et de méthode ». Le 6 février, il est nommé membre du Comité consultatif de défense des colonies, tout en conservant le commandement de la 5e brigade. Le 15 mai 1923, il reçoit celui de l’infanterie de la 3e division coloniale.

         Le 23 mars 1926, il est rappelé au Maroc, où a éclaté l’année précédente la guerre du Rif. Sous les ordres du maréchal Pétain, il commande la 123e division et dirige les opérations de mai à septembre contre Abd-el-Krim. Il enlève successivement  la Kelaa des Bou Kora, Dar Kbir (10 mai 1926), le Baalouch (14 mai), les Ouled Allal (19 juin) et le Djebel Moulay Abdelkader (22-23 juin), combats qui lui valent d’être cité à l’ordre de l’armée du Maroc. Aux mois d’août-septembre, il soumet plusieurs tribus et organise des postes solides, obtenant par son action une nouvelle citation (4 novembre 1926). C’est durant son séjour qu’il rencontre le roi Alphonse XIII d’Espagne et le Premier ministre Primo de Rivera.

         Le 9 mars 1927, il est nommé général de division. Il est alors appelé au commandement de la région de Taza, où, il fait preuve d’un sens politique très sûr et d’une compréhension exacte des intérêts économiques et sociaux dont il a la charge. Mais, atteint d’une congestion pulmonaire, il doit rentrer en France au début de 1928. Mis en disponibilité le 13 octobre, il est nommé membre du Comité consultatif des colonies le 20 mars 1929. Il meurt à Paris le 29 janvier 1930.

 

 

 

 

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