Le maréchal Mouton, comte de Lobau (1770-1838)

Publié le par La Lorraine et ses grands soldats


Georges Mouton, celui dont Napoléon dira, le jour de la bataille d'Essling (22 mai 1809), “Mon Mouton est un lion” est né le 21 février 1770 dans une famille aisée de la bourgeoisie de Phalsbourg, originaire de Savoie; il est le 10e enfant (sur 14) de Joseph Mouton, maître boulanger près de l'hôtel de ville, et de Catherine Charpentier.

De haute taille et de caractère intrépide, le jeune Georges s'engage le 1er août 1792 au 9e bataillon de la Meurthe, et dès le 16 y est élu lieutenant. Le 5 novembre, lorsque le bataillon est incorporé à la 66e demi-brigade, il est promu capitaine.Très vite remarqué au combat par le général Meynier, il l'accompagne lorsqu'il est chargé de conduire à l'armée d'Italie un renfort de 10 000 hommes.


Affecté à la 60e demi-brigade en mars 1796, il prend part aux opérations devant Mantoue. Un an plus tard, en mai 1797, le général Joubert, commandant la 5e division, l'appelle à son état-major, et le 30 octobre Bonaparte le nomme chef de bataillon dans la 11e demi-brigade. Mouton est affecté par le général Championnet à la garde du château Saint-Ange, où il se fait apprécier de son illustre prisonnier, le cardinal Consalvi. Il participe le 15 août 1799 à la bataille de Novi, où le général Joubert tombe dans ses bras mortellement blessé. De décembre 1799 à avril 1800, à la tête de la 3e demi-brigade, Mouton combat dans les montagnes de Ligurie pour la défense de Gênes, mais il est blessé à l'épaule droite lors de l'attaque du fort de Guezzi (30 avril 1800). Ayant obtenu un congé de convalescence, il quitte l'Italie en novembre, puis retrouve sa brigade qui, repliée après la capitulation de Gênes, tient successivement garnison à Montpellier, Bayonne et Saint-Omer. Bonaparte lui propose alors un poste d'aide de camp, que Mouton refuse : il le devient cependant le 6 mars 1805, un mois après avoir été promu général de brigade.


Dès lors, Mouton accompagne l'empereur sur les champs de bataille d'Autriche, de Prusse et de Pologne. Il participe à la bataille d'Austerlitz, et en 1806-1807 se distingue dans toutes les batailles, d'Iéna à Friedland (où il est blessé). À Tilsitt, le 27 juin 1807, il a l'honneur de présenter la revue des troupes devant le tsar Alexandre Ier et le roi de Prusse. Le 5 octobre suivant, il est promu général de division (il a 37 ans), et peu après inspecteur général de l'infanterie chargé d'organiser une division des Pyrénées en vue de la prochaine intervention en Espagne. Au début de 1808, il inspecte à Vittoria puis à Valladolid les unités de la future armée d'Espagne.


Tandis qu'il est chargé de la protection du roi Charles IV à Madrid, il reçoit mission de se rendre à Bayonne afin d'y constituer une division d'élite, qui forme la gauche du corps de Bessières. Mouton se distingue lors de la bataille de Medina del Rio Secco, qu'il enlève à la baïonnette (14 juillet 1808). Le 11 novembre, sous les ordres de Soult, il s'empare du village de Gamonal près de Burgos. Le 30, il reprend ses fonctions auprès de l'empereur et rentre avec lui en France à la fin de janvier 1809.

Le général Mouton est alors envoyé en Bavière et participe à la campagne d'Autriche qui aboutit à la victoire de Wagram. Il se distingue en avril à Abensberg (le 20) et surtout à Landshut (le 21), où il s'élance à la tête des grenadiers du 17e de ligne à l'assaut du pont auquel les Autrichiens ont mis le feu : la prise de la ville évite la jonction des deux armées ennemies, ce qui permet le lendemain la victoire d'Eckmühl. À Essling, sur l'île de Lobau, il est à la tête des fusiliers de la garde impériale qui à sept reprises repoussent les Autrichiens au-delà du village, mais, blessé à la main, il ne participe pas à la bataille de Wagram. C'est de ce jour que date le célèbre mot de Napoléon : “Mon Mouton est un lion !” Reconnaissant, il le fait l'année suivante comte de Lobau.


Le 30 juin 1811, il est fait grand offidier de la Légion d'honneur, et refuse le poste de ministre de la Guerre que lui offre Napoléon en remplacement du général Clarke. Le 1er août 1812, il succède au maréchal Soult comme aide major général de l'infanterie près de l'empereur. Bien que la désapprouvant ouvertement, il participe à la campagne de Russie. Le 28 juillet, ses trois divisions entrent dans Vitebsk. Au départ de la retraite, il protège l'empereur de son sabre contre une attaque de cosaques au milieu des bivouacs de la garde. Le 5 décembre, apprenant la conspiration de Malet, Napoléon choisit Mouton pour l'accompagner à Paris, avec Duroc et Caulaincourt.


Le 29 juillet 1813, il est nommé aide major de la garde impériale. Durant la campagne d'Allemagne, il se distingue à nouveau à Lützen, Bautzen et Dresde. Placé à la tête du 1er corps de la Grande Armée, il est fait prisonnier le 3 décembre, et conduit en Hongrie. Il ne rentre en France qu'après l'abdication de l'empereur, en mai 1814.


Le 20 mars 1815, redevenu aide de camp de Napoléon et fait pair de France, Mouton est nommé gouverneur de Paris et se voit chargé de réorganiser l'armée. À la tête du 6e corps, il combat à Fleurus et à Waterloo, où il a pour mission, avec 8000 hommes, de stopper les 30 000 Prussiens de Bülow ; écrasé sous le nombre, ayant perdu son état-major, il est fait prisonnier le 19 juin et conduit en Angleterre. Le 24 juillet, il est condamné au bannissement par une ordonnance royale : réfugié en Belgique, il n'est autorisé à rentrer en France qu'à la fin de 1818.


Retiré à Phalsbourg, Mouton se fait élire député libéral de la Meurthe en avril 1828, et siège à la Chambre jusqu'en 1830. Pendant la révolution de 1830, il est président de la Commission municipale de l'Hôtel de ville de Paris ; en décembre, Louis-Philippe le nomme à la tête de la garde nationale de Paris en remplacement de La Fayette. Au mois de mai 1831, il disperse place Vendôme une manifestation de bonapartistes en utilisant des lances à incendie. Le 30 juillet, il est fait maréchal de France et Grand Croix de la Légion d'honneur. Le 27 juin 1833, il retrouve son titre de pair de France. Atteint d'une fluxion de poitrine, il meurt à Paris le 27 novembre 1838.


Le 25 juin 1859, au nom de Napoléon III, le maréchal Canrobert inaugure sur la place d'Armes de Phalsbourg la majestueuse statue du maréchal Mouton.

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Mouton avait épousé à Paris,  le 22 novembre 1809, la comtesse Félicité Caroline Honorine d'Arberg, fille du comte d'Arberg (chambellan de l'empereur puis préfet des Bouches-du-Weser), qui lui a donné trois enfants : Louise Napoléone (épouse du marquis Louis de Turgot), Caroline et Adolphine ( mariée en 1842 à Maurice Thomas, marquis de Pange, auditeur au Conseil d'Etat et conseiller général de la Moselle).

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